Moustapaha Limam Chaavi à Nouakchott !

lun, 19/10/2020 - 11:19

Opposant intraitable à l’ex-président Mohamed Ould Abdelaziz, Moustapha Chafi est revenu à Nouakchott en milieu d’après-midi d’hier dimanche, à bord d’un vol spécial. Objet d’un mandat d’arrêt international lancé contre « pour intelligence avec des groupes terroristes », l’homme est revenu triomphant au bercail où il a été accueilli en véritable héro par des milliers de sympathisants.Pendant toute la matinée de la journée de dimanche, Tevagrh Zeina n’a cessé de grouiller de monde dans sa partie nord-ouest où tout indiquait qu’un gros événement se préparait : des défilés de voitures sur les grandes artères, des déplacements de plusieurs groupes d’individus, tous se dirigeant vers une résidence située à l’ouest de « Big Market » devant laquelle étaient retenus à vue d’œil, des dromadaires et des moutons qu’avaient apportés les visiteurs en guise de souhait de bienvenue, à l’hôte attendu dans l’après-midi.
La veille, l’homme avait publié un message dans lequel il avait remercié ses proches et sympathisants pour « le soutien qu’ils n’ont jamais cessé de lui accorder ». Il leur demandera de ne pas effectuer le déplacement de l’aéroport, promettant de les rencontrer au plus tôt. Demande vaine puisqu’ils se comptaient en milliers, ces sympathisants qui l’on accueilli à l’aéroport et en dizaines de milliers ceux qui ont formé le cordon d’accueil et le défilé populaire menant de l’aéroport au domicile.
Arrivé à bord d’un avion spécial, Moustapha Limam Chaavi aura certainement su mesurer le haut degré d’estime et de compassion de ses sympathisants… Notamment ses proches, qui n’ont cessé de lui accorder leur confiance, mais aussi et surtout, ceux-là qui ont admiré chez lui, le courage d’avoir combattu sans réserve et sans crainte, l’ancien Régime.

L’homme Chaavi
Né en 1960 de parents originaires de l’Assaba Moustapah Limam Chaavi a grandi au Niger, entre Zinder et Niamey. Il est issu de la tribu maraboutique et commerçante des Tadjakant, et aura largement usé de leur ascendant sur les habitants du désert pour entrer en contact avec les jihadistes d’Aqmi. Présumé avoir été la tête pensante du putsch sanglant des Cavaliers du changement le 8 juin 2003 contre le président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya. Chafi aurait échappé à une tentative d’enlèvement à Lomé l’année suivante par les services mauritaniens. Plus tard, il se présentera comme l’un des plus farouches opposants au régime de Ould Abdel Aziz, à qui il reprochait sa stratégie de lutte contre AQM. Mentor de l’ancien président Sidi Cheikh Abdellahi, ilt n’a sans doute pas digéré la destitution de celui-ci par le général Abdel Aziz le 6 août 2008. Dix ans plus tard, en 2018, il sera de nouveau ciblé par un enlèvement, alors qu’il était en séjour au Sénégal. L’homme est particulièrement connu pour avoir été le négociateur pour la libération de plusieurs otages occidentaux au Sahel détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Sollicité dernièrement lors des pourparlers entre le nouveau gouvernement malien et les djihadistes, il finira par décliner la demande non sans avoir recommandé un de ses proches, qui aura finalement réussi à libérer l’ancien Premier ministre du Mali ainsi que deux Italiens et une Française. L’homme est aussi connu dans des affaires diplomatiques dans lesquelles il aurait été impliqué et parmi lesquelles, l’évacuation sanitaire vers Rabat du chef de la junte guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara après une tentative d’assassinat. Très proche du président Blaise Compaoré, Moustapha Ould Limam Chafi a été évacué le 1er novembre 2014 à Abidjan à bord d’un avion spécial affrété par la Présidence ivoirienne à la chute du chef de l’État burkinabé. Depuis, il réside avec sa famille entre la Côte d’Ivoire et le Maroc.
Seule ombre au tableau, l’homme, forcé à l’exil, aura certainement une pensée vers son père quand il franchira la porte de la maison paternelle qu’il compte occuper. Un papa qui s’en est allé sans pouvoir voir son fils alors interdit de séjour en Mauritanie.
OEM