Deux semaines après l’euphorie née de l’engagement du président de la République d’ouvrir des discussions avec les partis politiques de l’opposition, c’est désormais le calme plat. Raison de cet état de fait : le Pouvoir continue de circonscrire le dialogue à la question sociale.
A l’endroit de l’émissaire que le Chef de l’Etat dépêché auprès des leaders de l’opposition qui n’est autre que le Président du conseil économique et social et président de APP, Monsieur Messaoud Ould Boulkheir, le chef de l’Etat aurait dit ne pas être convaincu de la nécessité d’engager des discussions politiques et plus, c’est seulement à la majorité présidentielle de définir les questions à l’ordre du jour.
Ce développement n’était pas inattendu pour nombre de partis politiques. La lenteur constatée dans le processus de mise en place du cadre de discussion de dialogue le laissait déjà présager.
Le chaud et le froid alterné par le Pouvoir qui s’appuyait parfois sur les recommandations de son chef, parfois sur celles de l’UPR ou des partis de la majorité présidentielle, les contradictions des uns, le refus d’aborder la question politique, les commentaires souvent hésitants et parfois malveillants de leaders politiques proches du Pouvoir avaient un sens.
Ils voulaient tout simplement dire que, là-haut, la question du dialogue était encore à l’étude, ou plutôt, elle était encore en gestation.
Jouant au fin tacticien pour ne pas se « désaliéner » un partenaire voire un ami, le Président Ould Ghazouany semble vouloir faire des concessions en réussissant à faire des omelettes sans casser des œufs.
En effet, si le président de la République se dit disposé à légaliser un cadre de concertation entre l’opposition et la majorité afin que les deux parties mettent ensemble un cadre de concertation et d’échanges capable de leur permettre de résoudre, de manière consensuelle, les questions sociales en suspens, il reste qu’il ne semble pas encore être tout à fait prêt à engager les discussions.
Ainsi, il faut bien le dire : la situation de blocage et les tensions récurrentes que le nouveau Pouvoir occasionne ne rassurent personne.
Et le rejet présidentiel fait table rase de toutes les bonnes attentes que les Mauritaniens osaient avoir autour d’un changement de cap qui aurait pu être amorcé pour éviter le clash chez nous.
Aujourd’hui, plus que jamais, les Mauritaniens doivent s’inscrire dans la logique d’une crise multidimensionnelle qui risque d’aller crescendo.
Dès lors où, chez nous, ceux qui détiennent les rênes des affaires et du pouvoir ne veulent pas, tout simplement, dialoguer de toutes les questions et construire des compromis salutaires pour tous, eux en premier lieu, nous risquons bien de tomber au fond de l’abime. Et au fond de ce gouffre, la lumière indiquant la sortie est très faible.
Oumar Moktar