Le Président de la République, Mohamed Ould El Ghazouani, a supervisé, vendredi matin, au centre hospitalier national à Nouakchott, le lancement de l’opération de vaccination anti-covid-19 sur l’ensemble du territoire national. Un événement de taille suivi par l’ensemble des Mauritaniens qui attendront, en vain, de voir le chef du gouvernement et ses ministres aller d’abord aux charbons et indiquer conséquemment aux Mauritaniens, la voie à suivre !
Le président Mohamed O. Cheikh Ghazouani a donné ce vendredi à Nouakchott le coup d’envoi de la campagne nationale de vaccination contre le covid-19. L’acte a consisté à assister en présence des membres de son gouvernement, à l’administration à une partie du personnel de la santé, des premières doses du vaccin chinois SINOPHARM. Une heure plus tard, la cérémonie fut levée ! Le président de la République, son ministre de la Santé et les membres du gouvernement quittaient les lieux, sans se prêter à l’exercice devant les caméras. Alors que dans de nombreux pays si ce ne sont dans tous les autres pays, ce sont les premiers responsables qui ont donné le coup d’envoi de la campagne de vaccination contre la Covid, en Mauritanie, le Président Ghazwani, son premier ministre et leur ministre de la santé se sont abstenus de se faire vacciner devant les caméras. Passer « avant les autres » aurait l’avantage de pouvoir « faire reculer, au moins en partie, la peur collective du vaccin, l’acte faisant modèle et référence ! Partant, l’attitude de nos dirigeants risque de décourager certains mauritaniens qui auront des appréhensions pour se faire vacciner, à commencer par le personnel de santé. Déjà, nombreux étaient ceux qui n’ont pas cru en la pandémie et au virus du covid-19. Et nombreux restent ceux qui ne comptent pas passer au vaccin, puisque le craignant. De sources dignes de foi, les sites de vaccination n’attirent pas du monde au lendemain du lancement de la campagne, certains de leurs responsables étant aux abonnés absents.
Il faut dire que la vaccination contre le covid 19 a toujours suscité des réticences de certains citoyens. Et avec toute la polémique qui a entouré le vaccin, avec surtout le vaccin d’AstraZeneca, l’attitude des premiers responsables mauritaniens interroge. Ont-ils été vaccinés avant et en cachette ? Les membres du gouvernement, se seraient-ils vaccinés à partir du premier lot de vaccin de 5000 doses que le pays a reçu des Emirats Arabes Unis ? Si cette hypothèse était avérée, cela risquerait de décourager davantage des populations qui pourraient en la circonstance être déçues par « une certaine ingratitude » de leurs dirigeants, lesquels, en la circonstance, se seraient-ils pas « servis » en priorité et incognito d’un bien public ?
Donner l’exemple
Face aux caméras, le ministre de la Santé a profité de l’opportunité du jour pour affirmer que le vaccin ne comporte aucun risque sur la santé ; qu’il n’a pas de complications négatives et son une efficacité est reconnue au niveau mondial, indiquant que cette opération a commencé par les staffs médicaux car ils sont en première ligne et en avant-garde dans la lutte contre cette pandémie. Il a ensuite appelé tout le monde à ne pas rater l’opportunité de se faire vacciner et d’affluer massivement en direction des centres de vaccination, rappelant les dangers du Covid-19 et l’ampleur de ses conséquences négatives au niveau mondial.
Dans les salons de Nouakchott, le message du ministre ne semble pas bien passer. En fait, nombreux étaient ceux qui considèrent que si il y a un message que les Autorités ont délivré à l’occasion devant les caméras, c’est bien celui du « Port obligatoire du masque ». Tous en fait voulaient « voir le chef de l’Etat passer à l’acte », à l’instar de nombreux dirigeants du monde qui, face à la pandémie du coronavirus et des réticences des populations à se faire vacciner, ont décidé de se faire vacciner en public et devant les caméras pour entraîner leurs populations vers le vaccin. Il s’agit d’une technique de communication politique mais aussi sociale voire humanitaire qui permet à la fois aux Autorités, de faire preuve de patriotisme, de courage, d’esprit de sacrifice et de souci pour le bien-être et la santé des populations. Il s’agit aussi d’amener les populations à plus de courage et de disponibilité pour se faire vacciner.
Partant, les dirigeants sont assez nombreux dans le monde qui se sont vaccinés face caméra pour « montrer l’exemple ». C’est le cas aux États-Unis en Europe et en Afrique.
Dans tous les cas, le gouvernement mauritanien sera forcément amené à s’expliquer publiquement sur la situation de vendredi dernier. Il l’aurait fait séance tenante, et il aurait certainement convaincu les populations. Maintenant que l’occasion est passée, il faudra trouver les moyens, et surtout les mots, pour faire passer le message
Pour rappel, la Mauritanie a récemment réceptionné une cargaison de 50.000 doses du vaccin "Sinopharm" chinois dans le cadre des relations d’amitié avec la République populaire de Chine.
Et auparavant, le ministère de la Santé avait reçu 5000 doses du vaccin américain "Pfizer" dans le cadre de la coopération avec l’État des Émirats Arabes Unis. Et 800 000 doses sont prévues dans le cadre du programme Covax de l’OMS.
JOB