Faits divers… Faits divers… Faits divers…

ven, 17/04/2020 - 11:53

« Taximan n’est pas gentil »

Le chanteur ivoirien qui composa ce tube au début des années quatre-vingt avait peut-être raison. Le fameux violeur sadique de Nouakchott qui fit plus de cinquante victimes en 2005 utilisait un taxi comme appât. Un chauffeur sénégalais engagé comme chauffeur de taxi par le propriétaire mauritanien de celui-ci s’acquitta, deux semaines durant, de son versement quotidien... avant de vendre le véhicule aux « naharas » (marchands de pièces détachées d’occasion), empocher le magot et partir se la couler douce sur l’autre rive du fleuve ! La plupart des malfaiteurs de Nouakchott utilisent de faux taxis pour agresser, braquer, dévaliser et violer. Abdallahi le vainqueur, Maradona, Essaoudi, Kaba se déplacent souvent ainsi la nuit. Les tueurs de d’Aminata Sogue l’embarquèrent dans un taxi de location. Ce qui facilita au demeurant l’enquête qui permit de coffrer Ould Leebar et compagnie quelques jours après cet odieux crime. Les exemples ne manquent pas et ce qui s’est passé il y a trois semaines à Arafat relance encore le refrain ivoirien.

Âgée de vingt ans, M.A. habite au quartier Poteau 20 d’Arafat. Elle étudie dans une école privée au Poteau 2 non loin de la nouvelle centrale électrique. Pour assurer son transport aller-retour quotidien entre son domicile et l’école, son parent a engagé les services d’un voisin taximan auquel il faisait confiance. Celui venait donc très tôt le matin embarquer la fille pour la déposer à son école et revenait la reprendre à la descente pour la ramener chez elle. L’un des derniers jours précédant le confinement, il passe comme d’habitude récupérer M.A. Mais, pour la première fois seul à bord, il prend un chemin tout-à-fait inhabituel. La fille exige aussitôt des explications. Il lui répond que la voiture a un petit problème et qu’il veut passer par un garage afin de le résoudre. « Laisse-moi alors continuer dans un autre taxi. – Non, ce ne sera pas long », insiste-t-il, avant de garer bientôt la voiture dans une ruelle isolée. « Installe-toi derrière pendant que j’essaie de réparer la panne ». M.A. s’installe en toute innocence à l’arrière dont les vitres des portières sont teintées de noir. Il lui donne une bouteille d’eau à boire, et fait semblant de s’affairer à sa prétendue tâche. La jeune fille s’endort. Il redémarre alors le véhicule, se dirige vers le Sud par l’axe Rosso et vire vers le port avant de bifurquer à gauche pour rouler un bon quart d’heure et s’arrêter en pleine brousse…

Une heure plus tard, M.A. se réveille en sursaut. Ils sont à nouveau en route et plus très loin de chez elle. « Tu as bien dormi. J’ai passé un peu de temps à réparer le véhicule. Ta maman m’a téléphoné et je lui ai expliqué les raisons de notre retard. » Arrivée chez elle, la jeune fille se ressent d’une lourdeur dans la tête et d’un terrible mal au bas-ventre. Elle s’en confie le lendemain à sa mère qui l’emmène d’urgence à l’hôpital. On lui fait passer quelques analyses médicales : elles révèlent qu’elle a été droguée avant d’être violée ! Surprise et affolée, la maman porte illico plainte à la police. Aussitôt coffré, le taximan est en suivant déféré au Parquet. Il croupit actuellement à la prison civile de Dar Naïm sous l’inculpation de viol et abus de confiance.

C’est dans la même zone, en 2006 rappelons-le, qu’un policier fut accusé par une famille d’avoir abusé de leur fille mineure. Le policier était en service au commissariat de police Arafat 1 et avait, selon la famille, kidnappé et séquestré la fillette pour la violer, avant de l’abandonner loin de chez elle. Elle était tombée enceinte. Son père avait porté plainte mais un commissaire de police avait classé l’affaire malgré le tollé médiatique provoqué par ladite famille. Le policier est toujours en service à Nouakchott.

Mosy