Diplomate ‘’mal inspiré’’, selon Samba Thiam

dim, 02/05/2021 - 09:18

En Mauritanie, la  rhétorique sur l’unité nationale et la diversité culturelle est très présente dans les discours, mais reste à l’état d’un slogan creux destiné à la consommation extérieure, avec les risques d’induire en erreur les observateurs les moins avertis. Illustration avec ce diplomate en poste à Nouakchott, s’exprimant à l’occasion d’un atelier sur « le dialogue culturel comme moyen de prévention des conflits» qui affirme sans aucune précaution oratoire « qu’en matière de dialogue culturel, ce qui se fait dans le pays est ce qu’il y avait de mieux comparativement aux voisins ».
 Des allégations aux antipodes de la pratique quotidienne, caractérisée par une faible présence de la composante négro-africaine dans les médias audiovisuels (relevée par un rapport de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel/HAPA établi fin 2020) et d’autres multiples formes d’exclusion. Ce qui explique cette réaction hautement  pédagogique  de Samba Thiam, leader des Forces Progressistes pour le Changement (FPC/opposition), à travers  un état des lieux de l’action visant à promouvoir la diversité dans la sous-région. Il  cite à titre d’exemple « la conférence qui a fixé le caractère latin des langues africaines, organisée à Bamako en 1966. Le Maroc qui opta le premier au niveau du Maghreb, pour l’officialisation de l’Amazigh (berbère) en 2011, suivi de l’Algérie en 2016, après bien des résistances.. Au Sénégal, à côté, il a été créé récemment, selon certaines sources, un ministère chargé des langues nationales. .. Et même la Tunisie, lointaine, fit face au racisme qui frappait la minorité noire assimilée par des lois courageuses… Et que fit la Mauritanie en comparaison ? Rien. Ce que nous observons ici c’est plutôt la proclamation de la diversité comme simple slogan, sans jamais la traduire dans les faits.
 Rappelons que pour qu’il eut dialogue des cultures, il eût fallu d’abord la reconnaissance de l’autre dans son identité et dans son altérité. Ce n’est pas le cas en Mauritanie ou, en plus, perdure le déni obstiné de  l’esclavage…..
 Comment au regard de ces faits têtus, oser malgré tout affirmer que laMauritanie fait, en cette matière, mieux que ses voisins ?Voilà qui demande assez de courage.Le rôle de l’ami-du véritable-est,  me semblait-t-il, de dire ce qui est, d’orienter dans la donne direction ….et non de plaire ».
 Remuer 1000 fois la langue avant de parler permet d’éviter certains pièges de nature à jeter le discrédit sur le discours.