
Le sujet étant vaste je me limiterai à quatre points saillants.
D’abord je brosserai une carte de visite pour présenter, succinctement, cet attrayant sport pour ceux qui n’ont pas eu encore l’opportunité de le découvrir. Je m’intéresserai, ensuite, à la crise que vit la pétanque. Après les conséquences immédiates seront abordées. Je suggérerai, enfin, un plan jouable pour revenir au « bon vieux temps ».
- Présentation de la pétanque
Ancienne de quelques décennies la FMJB entretient des activités régulières dans presque toutes les régions du pays, spécialement à Nouakchott et au Nord. Un concours national est organisé mensuellement, en moyenne. C’est l’occasion de retrouvailles (la Pétanque est une grande famille). On compte 1870 adhérents, repartis en 50 clubs. Sur la saine internationale, le trophée champion « Tir individuel de précision » est revenu à la Mauritanie (Bénin 2007). L’équipe nationale était classée 3ème (médaille de bronze) 2010(Turquie/Izmir), championnat du monde. En 2018 notre pays a gagné la coupe des nations, à Desbiens (Canada).
La pétanque est le seule sport, retenu dans les manifestations culturelles et sportives, dans le cadre du festival annuel des villes anciennes. Une activité
(animation) est assurée, tous les jours de la semaine, même les jours de fêtes, de 17h30 mn à 22h30 mn. La fédération est parmi les plus régulières et les mieux cotées aussi bien au niveau de la tutelle que celui du CNOSM. Cette discipline a la particularité d’attirer les anciens sportifs de tous bords car ils trouvent ici un environnement favorable pour continuer à prendre part aux compétitions : revivre le challenge, malgré l’âge.
- La crise
Il s’agit de malentendu entre responsables qui confirmaient, eux-mêmes qu’il s’agissait de différences de points de vue, sans conséquences, en principe. La réalité est que la crise était en gestation. Le fossé se creusait davantage entre ceux qu’on peut appeler, désormais, les belligérants.
La goutte qui a fait déborder le vase fut la décision de l’ancien bureau exécutif d’appartenir à la Fédération Africaine de Pétanque(CAP) qui n’est pas reconnue, ni par la Confédération Africaine de Sports Boules(CASB) ni par la Fédération Internationale de Pétanque et jeux provençaux(FIPJP). Les démarches, favorisées par les relations entreprises par « le groupe des 14 », ont abouti à la création de la Fédération Mauritanienne de Pétanque(FMP).
Les clubs constituant la FMP ont expliqué que la pétanque si elle n’est pas représentée sur le plan international n’a plus raison d’exister…Ils ont fait remarquer par la même que La Fédération Mauritanienne de Jeux de boules(FMJB) ne peut jamais revenir dans la légalité et la légitimité internationales. Ces responsables, en même temps, ont déclaré que la légitimité nationale ne fait pas partie de leurs préoccupations et qu’il la laisse, volontiers, à l’autre partie. Celle-ci est constituée de clubs qui sont restés loyaux à la FMJB et attachés au respect strict de la réglementation en vigueur. Ils viennent d’élire un nouveau BE, reconnu par la tutelle et par le CNOSM
Sans vouloir entrer dans les détails des événements ni se lancer à situer les responsabilités j’ai fait l’effort d’informer, de livrer des clarifications sur la situation que la pétanque vit présentement. Nous vivons une période de destruction des acquis(détruire est plus facile que construire). L’Histoire jugera.
- Les conséquences
A titre d’introduction à ce paragraphe je citerai des pratiques nouvelles, des agissements ou comportements qui sont complètement étrangers aux us et coutumes de sport et à ses nobles idéaux (politisation, discrimination, clientélisme etc..). Des signaux qui ne trompent pas. Une situation, également, que notre grande famille (FMJB) n’a jamais vécue, je dirai même qu’à une date récente ce cas de figure était inimaginable.
- Les grands événements de retrouvaille de tous les boulistes (concours) sont fermés, de part et d’autre. Seule une partie des joueurs est autorisée, suivant l’appartenance à tel ou tel groupe, à participer à la fête.
Des mêlées ou super mêlées qui sont des concours qui ne disent pas leurs noms par : les récompenses très élevées ; la séparation Vétérans/jeunes ; affiche sous le cigle d’une fédération donnée ; là, aussi, ces rencontres sont fermées et profitent à une clientèle ciblée ; menace d’interdiction aux joueurs qui n’ont pas la licence de la fédération à laquelle appartient le club concerné l’accès du boulodrome (qui est souvent un espace public) aux indésirables : les joueurs de l’autre clan.
Trois piliers du système sont entrain de payer les frais de ce qui se trame depuis quelques mois.
La structure FMJB, d’abord, qui a été montée par nos anciens et que notre génération a contribué à consolidation de ses acquis, s’est trouvée en peu de temps rayée, sans autre forme de procès, de la carte (site de la FIPJP), comme par bâton magique. La FMP a hérité de son passé, de sa renommée et de son fonds de commerce. L’existence de ce symbole est désormais mise en cause. Cette tente qui abritait la grande famille de pétanque est menacée de disparation. On ne devrait jamais avoir l’idée d’en arriver là… Avant de clore cette partie, il est nécessaire de rappeler des spécificités de la pétanque. D’une part il n’y a jamais eu deux listes en lisse pour le renouvellement du BE. C’est souvent le BE sortant qui propose la relève. Aussi ceux qui ont déjà eu à occuper des responsabilités dans un BE donné n’acceptent guère d’y revenir. Il y a lieu d’évoquer, d’autre part, l’existence d’un pourcentage élevé de cadres ou intellectuels parmi les dirigeants de ce sport. Cela a pour corolaire une présence remarquée dans les séminaires régionaux et internationaux, de haut niveau. Nos représentants inspirent confiance dans ces rencontres. C’est à mettre dans le crédit de la FMJB. Par ailleurs ce qui est arrivé à cette organisation n’est pas un mauvais sort. C’est de la faute de certains dirigeants, malheureusement. Le pessimisme ne se justifie guère. Il y a une grande majorité de clubs qui restent fidèles à la FMJB. La tendance pourrait être renversée : sur le plan national il y a lieu d’appliquer la réglementation en vigueur et d’arrêter net sa transgression par affinité entre personnes, par exemple. Sur le plan international, entamer sans délai la régularisation de la reconnaissance internationale, procédures clairement prévues dans les statuts de la FIPJP.
La solidarité et l’union qui constituaient notre force sont mises en cause, ensuite. Nos points faibles sont mis en évidence : opposition entre clubs anciens de renommée et clubs récents innovateurs et adeptes de l’inéluctable changement ; les rôles inexistants, fragiles ou limités de nos structures de bases ; les querelles et reproches réciproques entre nos joueurs, en cultivant la haine parmi eux ; les divisions et autres signes de discrimination et de rejet de l’autre. On
n’avait pas besoin de tout cela. Il y a d’autres contraintes qui entravaient déjà nos activités et nos projets : les moyens limités, innés aux structures sportives, Covid-19 etc.. Pourquoi nous faire priver de notre union et notre cohésion, armes sûres pour surmonter les difficultés et relever les défis ?
Avant de terminer ce titre, essayons de justifier que « la pétanque est une grande famille » : les mêlées hebdomadaires (samedi et dimanche) permettent à tous les boulistes de la ville, même la grande agglomération Nouakchott de se retrouver ensemble. Le grand concours, en temps normal une fois par mois, présente une occasion de retrouvaille. 20% des adhérents, environ, participent à ce grand rendez-vous. 72 h durant les mordus de la pétanque, comme on les appelle, se côtoient. Les réseaux sociaux ont fait le reste. Indiscutablement il s’agit bien d’une grande famille.
En visitant le boulodrome surtout au moment du jet de bouchon(le coup d’envoi), car après ceux qui perdent plient bagages, il n’échappe à personne les diversités en région, composantes sociales, âges, etc..). Un exemple concret de l’unité nationale.
Enfin la situation peut enviable dans laquelle se trouvent nos joueurs, ces jours-ci.
Il s’impose d’apporter des éclaircissements qui aident à mieux cerner le propos :
Le facteur social joue pleinement son rôle. Séparons les vétérans des jeunes. 1ère assistance, les premiers aident, souvent discrètement, les seconds qui sont dans le besoin (40% des jeunes). Ils ne comptent que sur la pratique de ce sport et en partie sur les relations et les contacts avec leurs aînés. 2ème source de revenu, les concours où il y a des prix intéressants et les mêlées régulières qui donnent l’occasion d’améliorer ses revenus. La nouveauté est que des barrières voient le jour pour priver les pratiquants de participer au programme. Il est important de signaler que ces jeunes sans emploi trouvent, malgré tout, une occupation qui les met à l’abri contre d’autres pratiques déshonorantes et rejetées par notre société. Les joueurs abandonnés à eux-mêmes commencent à avoir des idées contraires à la pratique sportive (implication dans la gestion, syndicalisme, révolution…) Ils se constituent en clans opposés et commencent à s’attaquer mutuellement.
- Avant de proposer une feuille de route il y a lieu de rappeler les difficultés identifiées de l’Heure Il s’agit de rappeler, pour mémoire, les trois piliers du dispositif qui ont le plus souffert : à savoir la FMJB, structure symbole ; la cohésion de la grande famille pétanque et le noyau ou colonne vertébrale du dispositif(Les joueurs). Le raisonnement ci-dessus s’apparente, en effet, à un diagnostic de la situation de la pétanque d’aujourd’hui. Une remarque de poids: tout le monde a les avis identiques (unanimité) par rapport à l’importance vitale de ces trois thèmes. Ainsi la solution, logiquement, ne devrait pas poser de problèmes particuliers.
Pour ma part en tant que doyen dans cette discipline je suggère la feuille de route suivante, tout en ayant présent à l’esprit la réglementation en vigueur et son respect.
Sur le plan national, partant donc de la légitimité de la FMJB
Toute activité officielle doit être organisée sous l’égide de la FMJB et par conséquent autorisée par elle. Jusqu’au retour à la situation normale. Les concours seront ouverts. Les attaques (guerre des communiqués) entre responsables devront cesser. Sursoir à une activité quand une autre est déjà prévue, comme d’habitude ;
Le BE met en place une commission pour une répartition équitable entre les clubs de la capitale, candidats pour un tour de mêlée.
Lors de l’assemblée générale ordinaire prochaine, s’il y a des volontaires compétents dans le groupe des 14 clubs, des modifications dans la composition du BE seraient envisageables
Sur le plan international, retenant donc une collaboration BE avec le groupe qui a une reconnaissance de la FIPJP.
Pour accélérer le retour de la FMJB dans la scène internationale, l’apport de la FMP est un appui de nature à faciliter l’aboutissement de la procédure de réintégration, de par les relations que le groupe entretient avec la FIPJP.
Les détails et la supervision des étapes de retour à la situation normale relèvent de la compétence du BE.
Réussite et émancipation de la pétanque que nous aimons tous, avec des nouvelles orientations et un changement nécessaire dans les mentalités. Attachement au strict respect de la réglementation, à notre unité et notre cohésion, garants de notre réussite et notre renommée, nationale et internationale.
Vive le sport, vive la pétanque.
Lafdhal, expert Jeux de Boules.