La Banque mondiale et le HCR viennent de saluer la Mauritanie pour ses efforts de protection et d’accueil des réfugiés qui fuient les conflits armés au Sahel à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés.
Une reconnaissance pour les observateurs qui cache l’autre face de Nouakchott qui tourne le dos à ses propres réfugiés au Sénégal et au Mali depuis plus de 3 décennies. C’est un paradoxe de la Mauritanie qui date depuis 89. Au cours de cette seule année plus de 100 000 noirs ont été déportés au Sénégal et au Mali. 20000 réfugiés du Sénégal sont rentrés officiellement. Et plus de 15000 vivent toujours dans des conditions difficiles d’accueil au Sénégal et au Mali.
Ce rappel historique à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés ne laisse pas indifférents les observateurs qui rappellent également que près de 60000 réfugiés maliens vivent aujourd’hui dans les camps de Mbera en Mauritanie à la frontière avec le Mali. Ces déplacés ont fui les violences contre les Jihadistes et l’armée malienne peu avant et après l’intervention française Serval en 2012 au Mali.
C’est cet engagement mauritanien qui est salué par la Banque Mondiale bailleur de fonds et le HCR à l’occasion de la journée mondiale des Réfugiés le 20 juin dernier dans un contexte de crise sanitaire dont les impacts sur les actions humanitaires sont réels.
Mais cette légitimité d’investissement à long terme des réfugiés maliens ne devrait pas faire oublier la légitimité des 15000 réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali de rentrer chez eux dans le cadre d’un nouvel accord quadripartite souhaitable entre la Mauritanie le Mali le Sénégal et le HCR.
Cherif Kane