Hier matin, au sein de cette chambre à laquelle l'usage attribue l'à-priori d'une honorabilité bien souvent gratuite, pendant qu'à tour de rôle chacun s'écoutait parler dans un micro et qu'au dehors les supputations des uns et des autres s'entremêlaient à travers l'envahissante toile qui a définitivement supplanté notre arbre à palabres, une émotion puissante m'a prise à la gorge.
Une émotion, me diriez-vous, crédule, d'un optimisme béat dont la naiveté, ne sachant faire que cela, se prend pour la réalité. Tant-pis ! Cette émotion, je l'ai ressentie et vous la livre risquant ainsi d'éssuyer quelques moqueries de la part des incrédules impudents, ceux dont l'incrédulité a eu légitimement de quoi se nourrir tout le long de notre parcours de malheur.
Hier, juste en milieu de journée, à la veille de notre Sainte fête d'El Id, comme si par la main d'Allah le destin se faisait soudain artiste, j'ai vu, entendu sous la voûte de cette chambre, pour cette-fois si honorable, des femmes et des hommes,tous bords politiques confondus, prendre sur eux, quelles que soient par ailleurs les visées ou les enjeux qui stimulent les uns et les autres, prendre sur eux, dis-je, de reconnaître, d'affronter, de disséquer l'une des plus abjectes pourritures qui menacent depuis des lustres notre monde.
Puanteur qui se trouve à l'origine de notre misère collective, de la misére singulière de chaque jeune chômeur, de chaque famille sans subsides, de chaque malade à défaut de soins, et de chacun de nos enfants contraint à l'aventure mortifère de l'exil maintenant perçu comme une délivrance.
Oui, pour en avoir côtoyé les effets partout et tous les jours, vous l'avez bien reconnue.
Il s'agit en effet du vol éhonté de la richesse, décrit à travers certains gros dossiers puants par la commission d'enquête parlementaire que je salue au passage. Au grand jour, le pillage sans scrupules de nos richesses est étalé et reconnu par tous. Le pillage de ressources immenses mis en rapport le nombre de notre population à peine égal à celui d'une ville moyenne du monde.
L'Omerta est désormais rompue. Le pillage constaté dans ses facettes les plus sordides doit nécéssairement aboutir à la reddition des comptes au niveau des tribunaux.
Accompagnons ce mouvement pour aider notre pays à s'en sortir et lui éviter de s'écrouler sous sa propre pourriture ! Rien ne doit s'interposer entre les tribunaux et les présumés coupables ! Et surtout pas cette Assabiya, survivante de la Jahiliya qui a toujours prévalu chez nous au détriment du Droit et de la justice.
Dénonçons ceux qui voudront se mettre en travers des procédures qui devront être justes, impartiales et sans interférences de nulle part.
Certes d'autres pourritures tout aussi nauséabondes demeurent tapies dans l'ombre. Elles devront, elles aussi être déterrées, reconnues et assainies. Continuons nos combats pacifiques afin d'en venir à bout.
Pour ma part, j'ai toujours crû en cette belle maxime qui veut qu'aucun droit n'est perdu tant qu'il est réclamé par un ayant-droit.
Nana mint Cheikhna
Via Cridem