Human Right Watch (HRW), une ONG de défense des droits humains, invite le président mauritanien, Mohamed Cheikh El Ghazouani, « à lancer un processus de réformes des lois répressives qui musèlent la liberté d’expression et à agir de manière décisive, pour faireprogresser les droits des femmes », dans une déclaration rendue samedi, journée marquant le premier anniversaire de son arrivée au pouvoir, en succession de Mohamed ould Abdel Aziz.
Le document encourage Ghazouani « à rompre avec la tendance de son prédécesseur, à emprisonner ses opposants et à adopter une approche respectueuse des droits humains. Un bon point de départ serait la réforme des lois prévoyant de lourdes peines, y compris la peine capitale, contre des délits liés à un discours pacifique », plaide Eric Goldstein, directeur par intérim de la division Moyen Orient et Afrique du Nord de HRW.
La déclaration rappelle qu’entre 2009 et 2019, le régime de Mohamed ould Abdel Aziz a poursuivi et fait emprisonner des défenseurs de droits humains, des activistes, des journalistes et des opposants politiques « en s’appuyant sur un arsenal de lois répressives relatives à la diffamation, la lutte contre le terrorisme, la cybercriminalité, à la diffusion de fausses informations et au blasphème, les autorités s’étant servies de la restriction du droit d’association pour refuser un statut juridique aux organisations qui leur déplaisaient.
Les lois imposent la peine capitale pour toute une série d’infractions, dont sous certaines conditions, le blasphème, l’apostasie, l’adultère et l’homosexualité, bien qu’un moratoire de facto soit actuellement en vigueur.
Le président devrait maintenir ce moratoire jusqu’à ce que la Mauritanie abolisse complètement la peine capitale, et s’opposer au châtiment de son application en toutes circonstances».
La déclaration de HRW critique également une loi anti discriminatoire adoptée en 2017, dont l’article 10 prévoit que « quiconque encourage un discours incendiaire contre le dogme officiel de la République Islamique de Mauritanie, sera puni d’une peine de 5 ans de prison ».
HWR réclame aussi « une définition adéquate du crime de viol et des autres formes d’agression sexuelle ».