Jeudi et vendredi, aucune goutte d’eau ne coulait dans les robinets de Nouakchott. Plus grave qu’un phénomène de perturbation dans la distribuant du liquide vital, il s’agit d’un arrêt total dans une période de forte canicule. Une situation invivable pour les populations.
48h longues heures sans une seule goutte d'eau. Les habitants de la capitale mauritanienne ont vécu le calvaire. Puisqu'il s'agit d'un contexte de forte canicule et de profonde déprime, dans lequel la Société Nationale de Distribution de l’Eau (SNDE-publique), déjà en grandes difficultés, est restée étrangement silencieuse.
Dans les rues des quartiers populaires et mêmes des endroits plus nantis, le spectacle était partout le même, des mères de famille et souvent des hommes, munis de bidons à la recherche du liquide précieux, que de rares «privilégiés» trouvaient à "un prix 5 fois supérieur au coût habituel, après d’interminables acrobaties", raconte une dame d’âge mûr.
Les autorités n'ont pas communiqué officiellement. La SNDE non plus. C’est finalement le téléphone arabe qui a permis d’identifier l’origine de la galère des populations.
Un malheur qui aurait été provoqué par la foudre, qui serait tombée sur certaines installations au niveau de la centrale électrique de Manantali (Sud/Ouest du Mali) dans la région de Kayes.
Cet ouvrage est une propriété de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), commune à la Guinée Conakry, au Mali, à la Mauritanie et au Sénégal, qui fournit en énergie la station d'Aftout-Es Sahli (250 kilomètres au Sud de la capitale) à partir de laquelle Nouakchott est alimentée en eau potable depuis quelques années.
Un accident à Manantali, et la distribution de l’eau est bloquée à Nouakchott. Pourquoi les autorités n’ont pas pensé une alternative, un plan B ? S’interrogent de nombreux citoyens à travers les réseaux sociaux.
Quel sort à été réservé à la station d’Idini (57 kilomètres à l’Est de la capitale) qui a alimenté les populations en eau potable à partir d’une nappe sous-terraine pendant plusieurs dizaines d’années.
Par ailleurs, cette thèse de la panne d’électricité, officialisée tardivement suite à un point de presse du ministre du Pétrole, de l’énergie et des mines, Abdessalam Mohamed Saleh, également ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement par intérim, au cours d’un point de presse organisé vendredi en fin de journée, est réfutée par le site d'information Mauriweb.
S’appuyant sur «un démenti cinglant de l’OMVS» ce site d’informations en ligne explique «les véritables raisons d’une bataille liée à la boulimie de nos responsables» opposant le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement à la SNDE pour «le contrôle d’un projet stratégique de 200 millions d’euros». Affaire à suivre...
Par De notre correspondant à Nouakchott
Amadou Seck