Les rencontres informelles entre le Président Ghazouani et certains leaders de l’opposition depuis son arrivée au pouvoir sont-elles de simples visites de courtoisie ou des marqueurs politiques présageant d’une stratégie de dialogue indirect et informel ?
Au cours de sa première sortie médiatique à la présidence à l’occasion de l’an I de son investiture, le nouvel homme fort du pays avait indiqué que le dialogue n’était pas dans son agenda politique mais en revanche il se disait ouvert à des discussions avec la classe politique sur tout sujet d’intérêt national.
En clair l’idée d’un dialogue politique ne semble donc pas enchanter le locataire du palais brun préférant développer des rapports peu tumultueux avec une opposition encore « tolérante » et « concessive ».
Après la brouille avec son vieil ami Mohamed Ould Abdel Aziz sur fonds de préséance politique sur l’UPR pour se transformer en règlements de comptes politico-judiciaires, il a certes remporté la bataille de la mainmise sur le parti de la majorité mais son image du « grand matou » n’est pas encore très manifeste.
Comme si l’essentiel était de mettre Aziz hors du champ du jeu avant de procéder à une transformation profonde de l’UPR qu’il retaillerait à la mesure de ses ambitions. Dans l’état actuel de calme apparent qui prévaut au sein de ce parti, l’hypothèse d’organiser des élections législatives anticipées serait sans grand enjeu pour un président encore serein. Et qui d’autant plus, n’est pas sous la pression des forces politiques adverses.
Les appels jadis de la coalition de l’opposition mais aussi des défenseurs des droits de l’homme et autres mouvements de revendications ne se font pas trop poussives pour élever la température politique au point de contraindre le président à sortir de sa réserve.
Ni les descentes dans la rue des étudiants en colère, des revendications des enseignants contractuels ou encore des diplômés chômeurs n’ont pas atteint l’ampleur des grandes manifestations politiques derrière lesquelles le pouvoir politique pointait la main de l’opposition. Le requiem des veuves traumatisées par les souvenirs des massacres d’Inal a marqué le 60ème anniversaire de l’indépendance nationale pour s’achever par des arrestations policières brutales.
Autant d’épisodes qui constituent des signaux forts à l’égard de la gouvernance de l’ex-général El Ghazouani qui hérite de dossiers sensibles sur les droits humains engageant encore l’Etat mauritanien à savoir le passif humanitaire et l’esclavage qui, de façon plus générale pèsent sur la cohésion nationale.
Gérer l’opposition d’abord…
Depuis son arrivée le président Ghazouani a reçu la majorité des leaders politiques. Après les troubles postélectoraux il a vite fait de s’entretenir avec les principales figures de l’opposition pour désamorcer la crise et apaiser les tensions. Un signal qui devrait se poursuivre mais de façon sélective avec des chefs de partis de l’opposition et dont la teneur n’est communiquée que vaguement. Du moins chez certains leaders. La pandémie du coronavirus a imposé ses muselières, pour que la tonalité politique soit moins audible.
N’est-ce pas le bon moment pour le Président de parler de bouche à oreille avec des invités à qui il chargerait de certaines missions personnelles. Ou encore des gestes d’ouverture en vue, pour faire oublier à ses interlocuteurs les rapports exécrables entre Aziz et ses adversaires de l’opposition. Comme pour leur signifier que « je ne suis pas Aziz, la porte est ouverte » !
La visite de certains hommes politiques notamment de l’opposition est perçue comme un signe avant-coureur d’un éventuel rapprochement avec des leaders charismatiques. Vers quelle destination ?
CTD