Il y a quelques jours, un jeune entrepreneur, parmi les rares qui croient encore en quelque chose dans ce pays, entre en contact avec un grand groupe français qu’il veut entraîner en Mauritanie pour y investir ou participer à des appels d’offres.
Les contacts sont établis, le partenariat pratiquement scellé et les premiers marchés ciblés. Mais patatras ! Tout s’effondre en une matinée. Les principaux actionnaires du groupe français – des américains – ne veulent pas entendre parler de la Mauritanie.
Un pays où, selon eux, « les appels d’offres sont biaisés, les marchés carabinés, la concurrence hors jeu respectée et la justice ne constitue pas un recours. » Le bonhomme tombe des nues.
Il avait cru un peu hâtivement à la chanson que nous chantaient, il n’y a pas longtemps, Ould Djay et ses amis, comme quoi le pays a fait un bond dans le classement Doing Business, code des investissements toiletté pour le rendre plus incitatif, guichet unique institué pour faciliter les démarches des investisseurs étrangers et tout un tintamarre qui, confronté à la réalité, n’était, en fait, que du pipeau.
Au cours de la dernière décennie, qui n’appartenait pas au « clan » ne pouvait prétendre à un marché important et les rares qui parvinrent à déroger à la règle furent obligés de s’associer à quelque de celui-là pour contourner des blocages qui désespérèrent plus d’un.
La mésaventure dudit jeune homme n’est qu’un cas parmi tant d’autres. Le pays récolte ainsi les fruits de onze ans de gabegie, laisser-aller, injustices, inégalité des chances et incurie. L’urgence ? Nettoyer nos écuries d’Augias, mettre de l’ordre dans la maison : c’est à cela que s’emploie la CEP et que devra entériner une justice effectivement rendue à son indépendance.
Mais il y a plus : ce n’est pas seulement en notre administration qu’il faut mettre de l’ordre, c’est en chacun nous, toi, moi, nous tous : classer nos priorités, respecter nos engagements, contraindre notre opportunisme à nos principes – et non plus le contraire, comme c’est devenu le quotidien banal de tant de Mauritaniens… Nous avons tous du pain sur la planche : au boulot, citoyen !
AOC