Les propos du secrétaire d’État américain Mike Pompeo, qui a accusé selon la presse britannique le directeur général de l’OMS d’avoir été « acheté » par la Chine, sont « faux et inacceptables », a répliqué jeudi le dirigeant de l’organisation onusienne.
« Ces commentaires sont faux, inacceptables et sans aucun fondement », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d’une conférence de presse, en mettant en garde une fois de plus contre toute « politisation » de la pandémie de coronavirus.
Selon le Times et le Daily Telegraph, le chef de la diplomatie américaine a attaqué violemment l’OMS mardi lors d’une rencontre à huis clos avec des députés britanniques à Londres.
Selon ces sources, M. Pompeo a qualifié l’organisation de « politique », accusant le Dr Tedros d’avoir été « acheté par le gouvernement chinois », à qui il devrait son élection à la tête de l’OMS en 2017. Le secrétaire d’État américain a même imputé les « morts britanniques » de la COVID-19 aux échecs de l’organisation et à ces marchandages supposés.
Prenant la parole après le Dr Tedros, Maria Von Kherkove, experte de l’OMS, a déclaré qu’« en tant qu’Américaine, je n’ai jamais été aussi fière d’être membre de cette organisation. Je suis témoin direct du travail que fait le Dr Tedros et de ce que nos équipes font à travers le monde », a-t-elle déclaré.
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, signalée en Chine fin décembre, l’organisation a été régulièrement critiquée pour ses retards à l’allumage. Mais ce sont les États-Unis qui l’ont attaquée le plus violemment, la qualifiant de « marionnette de la Chine » et dénonçant la complaisance dont elle aurait fait preuve vis-à-vis de Pékin.
Les États-Unis ont formellement lancé le 8 juillet leur procédure de retrait de l’organisation onusienne, mettant à exécution les menaces du président Donald Trump, qui avait annoncé ce retrait en mai, en pleine pandémie.
« Les bons choix »
En appelant une nouvelle fois à la « solidarité » entre États et au « leadership » des dirigeants face à la pandémie qui a fait plus de 15 millions de personnes infectées et plus de 620 000 morts dans le monde, le Dr Tedros a aussi exhorté les populations à « faire les bons choix ».
« Nous ne reviendrons pas à l’ancienne normalité. La pandémie a déjà changé notre façon de vivre. Nous demandons à chacun de considérer que là où il va, ce qu’il fait et qui il rencontre, sont des décisions de vie ou de mort », a-t-il dit.
« Ces dernières semaines, nous avons vu des foyers d’épidémie se développer dans des boîtes de nuit ou d’autres lieux de rassemblement », a-t-il mis en garde. « Tant que le virus circule, chacun est menacé », a-t-il insisté, rappelant la nécessité de respecter les gestes barrières comme le port du masque ou la distanciation physique.
Concernant les personnes ayant été en contact avec des personnes diagnostiquées positives, « l’OMS recommande qu’ils soient placés en quarantaine pendant 14 jours », a rappelé pour sa part le Dr Michael Ryan, directeur des situations d’urgence sanitaire.
« Se mettre en quarantaine lorsque vous avez été en contact (avec une personne infectée) est un acte de courage », a-t-il ajouté, tandis que Mme Van Kherkove a qualifié la quarantaine « d’un des plus importants outils pour casser les chaînes de transmission ».
Les recommandations de l’OMS à ce sujet seront prochainement mises à jour, a-t-elle indiqué.
AFP