A l’heure des décomptes de la vie active, un texte expressif du mal être de ceux qui sont poussés vers la porte, sans un mot de remerciement, ni de regrets.
Une petite idée de l’ingratitude d’une administration sans âme, ni esprit de discernement, qui boute immanquablement tous ceux qui l’encombrent. Jetant la plupart à la rue, .. dans la pauvreté, dans les bras de l’indigence pour certains.
« Le cadre qui égrenait les tâches à remplir, traversait les nuits blanches à boucler un dossier, perdait ses congés à coups de retenues de service, est réduit à manager un montant minuscule alloué trimestriellement par la Caisse des pensions. Son cerveau s’use à chercher des formules magiques pour ne pas tomber en disette dès la première quinzaine du premier mois de chaque trimestre. Il s’évertue à dispatcher des miettes, comme s’il avait à habiller un géant avec les vêtements d’un nain.
Le planton qui se dressait fièrement devant les grandes portes, toujours aux aguets pour ne rater aucune sonnette du patron, est contraint de taper aux petites portes, amoindri, en souhaitant que son sourire le dispense de quémander ouvertement. Entre le cadre et le planton, les agents intermédiaires qui portaient à bras-le-corps le labeur quotidien, sont condamnés à vivoter lamentablement, après avoir essayé, ici ou là, des prestations dont ils n’ont plus l’âge ni la dextérité.
Cette description excepte quelques privilégiés qui avaient eu droit à des avantages pour les hautes charges et ceux, beaucoup plus nombreux, qui avaient pris goût à la malversation. Elle correspond à la situation d’un retraité ordinaire du secteur public ou parapublic qui a pour seul revenu une pension chaque jour plus modique, en termes de pouvoir d’achat. La décision de notification de la retraite est sans ambages sur le destin des retraités, en énonçant qu’il a été procédé à leur « radiation des corps »… mais aussi des esprits. Ils sont jetés à leur sort. On s’en débarrasse comme d’un os qu’on a soigneusement dégarni. »
Mohamed Salem Ould Alouma