Un Bosseur (1) répara peut-être le vase de Soissons mais, médecin, mon ancêtre Mabon n’en avait pas moins réparé des corps et des âmes, au temps du roi Arthur. Ce n’est donc pas seulement la France qui a une histoire, elle puise ses racines en des mégalithes plus anciens, tout-à-la fois plus localisés et universels. Félicitations donc à Emmanuel Macronqui ne s’est pas restreint à cantonner notre histoire commune dans la république laïque de Thiers qu’il semble pourtant affectionner particulièrement. C’est bien mais tout de même assez risqué, dans son ratissage raisonné de l’électorat français.
Car s’en remettre à l’histoire de la France, c’est appeler d’abord l’église Catholique qui en fonda le mythe. Sans s’attarder sur le sacre de Clovis, image d’Épinal fort peu regardante de l’incrustation arianiste –lit de l’islam…–au Sud de la Loire, on se souviendra ici du vieux dicton : « Une foi, une loi, un roi » ; qui provoqua tant de déchirements au royaume de France. S’agirait-il de convoquer aujourd’hui à une nouvelle guerre sainte contre cette fois les musulmans, électorat moins convaincant, il est vrai, que la marinade bleue marine ? Mais qu’en vont penser les armadas protestantes, juives, laïcistes et autres résolument franc-maçonniques, voire carrément athées ? Il est plus facile d’allumer un incendie que de l’éteindre… Père, garde-toi à droite ! Père, garde-toi à gauche !
Cela dit, l’âme gauloise et, partant, chrétienne est plus pompière que ne semble le prétendre notre ambigüe Marseillaise. S’ils aiment bien caqueter, les Français apprécient la paix. Et, sur ce chemin,catholiques, protestants, juifs, laïcistes et autres résolument franc-maçonniques, voire carrément athées, n’éprouvent aucune difficulté à rencontrer celle de leurs compatriotes musulmans. Au quotidien, dans leur voisinage immédiat. C’est même la règle générale. Mais il y a des exceptions. Rares, Dieu en soit loué ! Tout comme les faits divers morbides qui font frissonner de loin en loin tous les Français. Sans exception.
Raccourci
À ceci près d’étrange qu’on n’impute pas systématiquement la religion ou l’irréligion d’un forcené dans ses folies. Le cas de XavierDupont de Ligonnès et de ses accointances sectaires est réellement une anomalie. A contrario du moindre enragé dont on pourrait flairer un lien quelconque avec l’islam. Là, c’est systématiquement l’islam qui trinque. Pas question de bipolarité, inadaptation sociale ou autre dérangement mental. Non, il a crié « Allahou Akbar ! » et cela suffit à expliquer son crime. Et certes, la France a son histoire : le droit de décapiter quelqu’un pour outrage n’appartenait qu’au roi, pas au moindre pimpin de banlieue, fût-elle des plus bannies du lieu.
La liberté d’expression n’est donc pas un legs si ancien que ne le suggère Emmanuel Macron. Légalisée en 1629 par le cardinal de Richelieu, celui-là même qui accueillit, pour repeupler le piémont pyrénéen dévasté par la peste, quelque cent cinquante mille morisques et autres marranes expulsés d’Espagne vingt ans plus tôt, suite à la rébellion de Grenade, la censure n’a cessé d’aller et venir au gré des péripéties politiques. Elle s’exerce notamment aujourd’hui contre la contestation des crimes contre l’humanité. Pas de tous : il reste possible, par exemple, de douter de la réalité de ceux perpétré en Palestine par qui vous savez…
Musulman, je ne milite pourtant pas pour son application contre l’outrage au Prophète (PBL). Mais nous sommes un milliard et demi de musulmans et musulmanes (2) – un humain sur cinq – variablement répartis sur la planète Terre et bien rares, s’il en existe, ceux ou celles qui ne se sentent pas blessés par les moqueries à l’égard de Mohamed (PBL). Français, je regrette profondément qu’Emmanuel Macron, censé représenter tous les Français, implique notre nation commune dans la défense de celles-ci, fût-ce au nom de la liberté d’expression. « Hé ! Français musulman, qu’est-ce qui lui prend à ton Macron ? Allez, hop, à la poubelle, la Pijo ! » Mauritanien bon teint, l’homme qui m’interpelle ainsi n’a absolument rien d’un fanatique : il se sent tout simplement méprisé. Par la voix censée parler au nom de la France.
Méprisé, comme tant de musulmans français. Il est hélas désolant que « musulman français » ne soit toujours pas synonyme de « français musulman ». Né en France de vieille famille bretonne française catholique, je vis, moi, mon islam comme une apothéose de ma foi chrétienne ; mieux : un fil raccommodant celle-ci à mes plus lointaines accointances celtiques, voire mégalithiques. Pourquoi ceux de mes frères et sœurs nés en islam avant de devenir français éprouvent tant de mal à vivre une élévation analogue ? Pourquoi leurs enfants, petits-enfants, voire arrière-petits-enfants désireux de renouer avec leur racine religieuse se voient-ils si souvent en porte-à-faux d’une culture française prétendument incapable de s’y retrouver ? C’est faux, monsieur le président de tous les Français, j’en témoigne.
Ian (Kirkcaldy) Mansour de Grange(-Mabon)
NOTES
(1) : Alphonse Jules Bosseur, le grand-père du grand-père de l’actuel président de la République française, était originaire des environs de la célèbre ville…
(2) : Avec quel pourcentage de désaxés ? En dépit des souffrances répétées (invasions coloniales, guerres « hydro-carburées », etc.), j’aurais tendance à le croire assez inférieur à celui affectant les populations non-musulmanes, américaines, par exemple… Mais, bon, sur un milliard et demi de gens, le moindre pourcentage fait aisément un régiment d’alqahideux…
Le Calame