Le parti au pouvoir semblait, lundi 8 mars, assuré d’obtenir au moins 128 des 255 sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale.
La victoire aux législatives de la formation présidentielle devrait permettre à Alassane Ouattara de poursuivre sa politique de “réformes”, après sa réélection le 31 octobre dernier pour un troisième mandat controversé. Au sortir des élections législatives ivoiriennes du samedi 6 mars, Alassane Ouattara pourrait bien voir son pouvoir consolidé.
Bien que la Commission électorale indépendante (CEI) ne dispose pas encore des résultats définitifs des 205 circonscriptions, le parti au pouvoir semblait assuré lundi soir d’obtenir la majorité des 255 sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale.
Selon le site Koaci, “la tendance est nettement pour l’heure en faveur du RHDP [Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, le parti au pouvoir]”. D’après les informations du portail africain, la formation d’Alassane Ouattara “pourrait dépasser les 145 sièges sur les 255 que compte l’Assemblée Nationale, avec un taux général de participation qui pourrait avoisiner les 40 %”.
Selon Koaci, “si cette victoire venait à être confirmée par la CEI, elle permettrait à Alassane Ouattara de transformer l’essai de sa réélection et de lui assurer une certaine forme de confort politique, en vue de sa probable succession en 2025”.
Le calme qui règne en Côte d’Ivoire “n’est-il que le ‘silence d’un fusil chargé’” ?
“Une question se pose actuellement”, note toutefois le quotidien burkinabé Le Pays. “Les protagonistes se soumettront-ils au verdict des urnes ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses, qui avaient si bien commencé, donnaient l’impression d’une réussite quasi parfaite de l’organisation”, estime le journal.
Samedi, en dehors d’incidents sans conséquence majeure sur le déroulement du vote, le scrutin s’est déroulé “dans le calme et la sérénité”, confirme Wakat Séra. “Cependant, ce calme n’est-il que le ‘silence d’un fusil chargé’ ?” s’interroge Le Pays. “Comme cela arrive souvent en Afrique subsaharienne, la proclamation des résultats provisoires ou définitifs constitue le moment le plus sensible dans l’organisation des élections”, rappelle le quotidien burkinabé.
Les élections de samedi ont réuni, pour la première fois depuis dix ans en Côte d’Ivoire, l’ensemble des principaux acteurs politiques : face au RHDP, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ex-président Henri Konan Bédié a formé une alliance avec Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), coalition regroupant les partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo. Une situation qui avait laissé espérer un apaisement de la vie politique d’un pays à l’histoire récente marquée par de fortes tensions et des violences électorales.
“Certains ministres de la mouvance présidentielle” ayant “perdu les élections dans leurs localités respectives”, on peut “s’attendre à ce que l’opposition ait une certaine poigne sur le futur échiquier politique ivoirien”, note Le Pays. “Ce n’est pas rien !”
Nomination d’un Premier ministre par intérim
Outre la victoire quasi assurée du parti présidentiel, la journée de lundi a aussi été marquée par la nomination du secrétaire général de la présidence, Patrick Achi, au poste de Premier ministre par intérim, en remplacement d’Hamed Bakayoko, rapporte Abidjan.net. Téné Birahima Ouattara, ministre des Affaires présidentielles et frère cadet du président Alassane Ouattara, a quant à lui été nommé ministre de la Défense par intérim, toujours en remplacement d’Hamed Bakayoko, qui occupait également cette fonction.
Selon la Deutsche Welle, l’ex-Premier ministre aurait été transféré en France puis en Allemagne, où il suit un traitement contre le cancer. Mais “depuis son départ du pays, les réseaux sociaux en Côte d’Ivoire sont envahis par les rumeurs. Certains pensent que le Premier ministre serait victime d’un empoisonnement”, note le site allemand tout en précisant que, selon ses sources, ces affirmations seraient “sans aucun fondement”.
Noémie Taylor-Rosner