"Le financement du développement à l'ère de la COVID-19 et au-delà" : Discours de M. Ghazouani

mer, 26/05/2021 - 14:37

Excellences Mesdames, Messieurs les Chefs d’Etat,

Excellences Messieurs les Premiers Ministres

Son Excellence Monsieur Antonio Guterres, Secrétaire General des Nations Unies,

Son Excellence Madame Amina Mohamed, Secrétaire General Adjoint des Nations Unies,

Excellences Mesdames, Messieurs les Ministres, Ambassadeurs, honorable participants

Tout d'abord permettez-moi de remercier le Secrétaire Général pour l’aimable invitation adressée à la Mauritanie pour participer à cette table ronde sur les industries extractives et le financement du développement.

Malgré leur poids énorme dans les économies des pays en voie de développement et singulièrement dans les économies des pays Arabes et Africains, les industries extractives ont rarement bénéficié de l’attention qu’elles méritent dans l’agenda de l’aide au développement.

Je vous félicite donc ardemment, Monsieur le Secrétaire General, pour votre belle et très opportune initiative.

Excellence Messieurs les chefs d’Etat, Monsieur le Secrétaire General, Mesdames Messieurs,

La problématique des industries extractives dans nos pays est connue : une contribution importante au PIB, à la Balance Commerciale extérieure et aux revenus fiscaux, mais aussi un secteur peu intégré à l’économie nationale, aux impacts limités sur le développement local et sur la société et aux coûts environnementaux élevés.

Il s’agit également d’un secteur très intensif en capital, en expertise et savoir-faire très spécifiques que les opérateurs internationaux sont parfois lents à transférer aux pays d’accueil, réduisant considérablement le pouvoir transformateur de ces industries sur nos économies et nos sociétés.

Enfin, et on ne le dit pas assez, les écarts technologiques entre les entreprises internationales et les pays d’accueil sont la source d’asymétries de pouvoir et dans l’accès aux données et à l’information économique, qui sont un obstacle à un partage équitable des bénéfices tirés des industries extractives.

Je suis convaincu Monsieur le Secrétaire General, que les Nations unies peuvent jouer un rôle important pour corriger ces déséquilibres. L’Initiative sur la transparence des Industries Extractives va dans le bon sens, mais elle n’est pas suffisante.

Excellence Mesdames, Messieurs les Chefs d’Etats et de Gouvernements

Monsieur le Secrétaire Général,

Mesdames, Messieurs,

Nous en convenons tous, nous nous trouvons à la croisée des chemins. Le choc de la Covid19 a mis à nu le danger d’une extrême dépendance vis-à-vis des industries extractives et notamment fossiles. Mais il contribue en même temps à accélérer la transition vers des énergies propres et durables.

Certains pensent que les pays Arabes et Africains, grands exportateurs de minéraux et d’hydrocarbures, seront le perdant de la grande ère de transition énergétique qui s’ouvre.

Je ne partage pas ce point de vue.

Au contraire, nous avons tout pour être les gagnants de la révolution des énergies renouvelables. Nous avons du soleil, du vent et de l’espace en abondance.

Et grâce aux énergies renouvelable, nous pouvons fournir à nos secteurs minier et industriel l’électricité à très bas coût qui lui a souvent cruellement fait défaut et ainsi accélérer l’industrialisation et la transformation de nos économies et enclencher le cercle vertueux d’une croissance-emploi soutenue et durable auxquels nos populations aspirent.

Cette conviction est au centre de notre approche pour le développement des industries extractives en Mauritanie.

Notre pays dispose, en effet, de l’un des meilleurs potentiels éoliens et solaires du continent. La faible densité de population et notre position géographique nous confèrent un avantage comparatif réel dans le développement des énergies renouvelables.

Conscient que c’est aujourd’hui que se prennent les décisions pour assurer une transition énergique réussie, notre gouvernement travaille à l’élaboration d’une feuille de route pour la production de l’hydrogène vert, la décarbonisation du secteur énergétique, la production d’électricité propre et à bas coût au secteur minier et industriel, la décarbonisation progressive des secteurs miniers et du transport.

La feuille de route inclut également l’élaboration d’un cadre juridique et règlementaire incitatif pour stimuler l’investissement extérieur et national dans les énergies renouvelables et dans la production d’hydrogène ainsi qu’un plan de développement des compétences nationales.

Je suis convaincu que nous disposons à travers les énergies renouvelables d’un levier important pour transformer nos industries extractives et nos économies et contribuer ainsi à l’atteinte des objectifs du développement durable dans nos pays et à la transition énergétique mondiale.

Je suis conscient des défis énormes qui nous barrent le chemin sur la voie de nos objectifs.

Comme d’autres pays, la crise de la COVID19 a nous a imposé un choc économique et financier sans précèdent. Elle complique l’exploitation de nos ressources gazières et nous laisse avec une dette énorme qui s’ajoute au passif en matière d’infrastructures, d’éducation-formation et d’accès aux services de Santé.

C’est pourquoi, avec d’autres, je n’ai cessé d’appeler à une initiative pour alléger la dette des pays Africains.

Et c’est pourquoi je soutiens sans réserve, Monsieur le Secrétaire General, votre appel à l’action pour les industries extractives et le financement pour le développement.

Je formule également le souhait de la mise en place dans le cadre des nations unies d’une initiative d’ampleur pour financer et accélérer le développement des énergies renouvelables en Afrique et dans le monde Arabe.

Une telle initiative devra impliquer fortement le secteur privé national et donner une place importante au transfert de technologie et à l’assistance technique dans le domaine des énergies renouvelables.

Je vous remercie".

Nouakchott, 25 mai 2021

 

 

Cridem