Eclaircissements sur l’affaire Westbridge Mortgage REIT & BHCI

mer, 17/06/2020 - 11:17

À l’époque, l’affaire avait fait un grand bruit à Abidjan dans le milieu bancaire, jusqu’au sommet de l’Etat ivoirien.

Il s’agit de la reprise par la société canadienne WestBridge Mortgage REIT (WMR) de la Banque de l’Habitat de Côte d’Ivoire (BHCI). Une histoire qui ne fera pas long feu. A cause de pressions fortement subies par la banque canadienne WMR…Explications.

D’après nos confrères du journal ivoirien L’Essor, « Il y [avait] une forte odeur de complot dont le but inavoué [était] de "chasser" de la Côte d’Ivoire ces investisseurs canadiens autour d’une affaire qu’ils [avaient bien] "ficelée, gérée et bouclée". Mais qui travaille ainsi contre l’état ivoirien et les employés ? ».

Le média ivoirien poursuit en révélant que : « Les Canadiens, il faut le dire aujourd’hui haut et fort, ont suivi toutes les étapes réglementaires pour le rachat de la BHCI : soumission à l’appel d’offres brillamment remporté pour la transaction. Mais plusieurs mois après, une main obscure s’est amusée à faire disparaître du circuit le dossier de rachat de la BHCI par les repreneurs canadiens. Ce que ces agents indélicats ont royalement oublié, c’est que les investisseurs prêts à réussir sans heurts cette transaction, ont en leur possession tous les documents, les doubles, de la Commission bancaire de la BCEAO, de l’UEMOA ».

►Mains obscures derrière cette affaire

Dans l’article de l’Essor, on en sait davantage sur les véritables mobiles qui sont à l’origine du départ de la société WestBridge Mortgage REIT de la Côte d’Ivoire. Voici ce que les repreneurs de la BHCI découvriront en fouinant dans les livres de compte de la Banque de l’Habitat de Côte d’Ivoire (BHCI) :

« 12 milliards de créances douteuses trouvées, 4 autres milliards de créances cachées. Les investisseurs ou repreneurs canadiens, en passant à la loupe les comptes de la BHCI, vont découvrir ahuris, des créances douteuses d’un montant de 12 milliards de nos francs.

En poussant plus loin leurs investigations, ils vont encore découvrir le pot aux roses ou ce qu’on a caché jusqu’à présent au président de la République, au Premier ministre et aussi au ministre de l’Economie et des Finances. 4 autres milliards FCFA de créances bien cachées ou dissimulées. La moitié de ces créances serait le fait ou serait due à des officiels du gouvernement ivoirien qui auraient jusque-là, utilisé la BHCI comme leur vache à lait, dans la nuit totale et bien à l’insu du Chef de l’Etat ivoirien, SEM Alassane Ouattara et aussi du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly et du ministre de tutelle, Adama Koné. Un cas de mal gouvernance dont ces trois personnalités ne seraient pas au parfum. Qu’à cela ne tienne.

Les Canadiens bien décidés à conclure la transaction sans révéler ce pot aux roses, accèdent à un arrangement pour un rééchelonnement à hauteur de 4 milliards FCFA non justifiés. Mais cette bonne volonté des Canadiens sera confrontée à l’immersion de certains hommes d’affaires ivoiriens bien connus sous nos cieux comme des investisseurs corrompus et cupides […].L’affaire ferait grand bruit au sein des autorités canadiennes qui suivent de près ce dossier qui risque de polluer demain le ciel des relations séculaires de coopération bilatérale gagnant-gagnant entre ce pays et la Côte d’Ivoire.

Alors que le président Alassane Ouattara et le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly appellent les investisseurs étrangers à venir investir en Côte d’Ivoire, il y a des hommes d’affaires ivoiriens insatiables et des membres du gouvernement AGC qui se comportent comme "des éléphants dans un magasin de porcelaine" pour anéantir les efforts du Chef de l’Etat ivoirien ou même l’opposer inutilement à des puissances étrangères comme le Canada.

A qui veut-on au finish céder la BHCI ? Ce sont ceux-là connus pour leurs méthodes d’activistes qui tirent les marrons du feu et l’Essor Ivoirien ne tardera pas à les dénoncer, ces "ennemis" des efforts de développement, de la bonne gouvernance Ouattara. »

►Pressions

Comme, on le voit, de nombreux efforts ont été faits pour empêcher Westbridge de prendre un contrôle effectif de la BHCI qui présentait avant sa reprise un bilan négatif de « 6 milliards FCFA de fonds propres et 10 milliards FCFA de créances douteuses ». À ce propos, voilà ce qu’avait écrit le média ivoirien 7info :

« A cette époque, il est clair que la banque [BHCI] ne respectait aucun ratio prudentiel admis par la BCEAO qui exige au moins 10 milliards FCFA de fonds propres. De bonne source, 7info a appris que les créances douteuses sont en fait l’instrument de gros détournements de deniers publics, estimés à 26 milliards FCFA, puisque BHCI était jusqu’en avril 2019, une banque publique.

Qui en sont les bénéficiaires ? 7info a pu consulter une liste de noms. Ainsi y trouve -t-on celui d’une haute personnalité bénéficiaire d’un « prêt » de 404 millions FCFA, jamais remboursés; ceux d’un groupe de cadres qui a eu accès à 54 millions FCFA, ainsi que celui d’une mutuelle de commerçants de Treichville, sans adresse connue, pour un montant s'élevant, selon les auditeurs, entre 1.5 et 1.8 milliards FCFA ! C’est cet argent des ivoiriens, brigandé par des hommes puissants locaux de l’économie, qui fait courir ces profiteurs d'un autre âge. »

Dans le sillage de cette affaire BHCI, le canadien Westbridge assignera en novembre 2019 l’Etat ivoirien devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), une institution du Groupe de la Banque mondiale.

Rappelons que la société́ canadienne spécialisée dans le financement de l'immobilier Westbridge Mortgage REIT (WMR) vient de reprendre la Nouvelle Banque de Mauritanie (NBM).

►Une opportunité pour la Mauritanie

L’atterrissage de WMR en Mauritanie arrive à point nommé, dans un contexte favorisé par l’ouverture des nouvelles autorités mauritaniennes aux investissements étrangers, avec la création d’un Conseil supérieur de l’investissement…

D’ailleurs, dans un entretien récemment accordé au très réputé journal panafricain Finanial Afrik, l’actuel Directeur Général du groupe canadien WestBridge Mortgage REIT (WMR) en Mauritanie, M. Dieng Adama Boubou rassurait en affirmant :

« L’arrivée du groupe WMR avec une expérience avérée dans le financement de l’immobilier est une chance pour les mauritaniennes et mauritaniens et notre ambition est de rendre le crédit immobilier accessible aux citoyens aussi bien locaux que ceux de la diaspora. Nous comptons accompagner les autorités dans la mise en œuvre de leur ambitieux programme de construction et de réhabilitation des infrastructures religieuses, culturelles et sportives. »

Par La rédaction de Cridem