J’ai suivi, comme beaucoup de mauritaniens, la conférence de presse que l’ancien président de la République, M. Mohamed Ould Abdel Aziz a organisé en son domicile sis au Ksar, le 27 août 2020, au soir, et au cours de laquelle il a évoqué plusieurs points portant sur la crise dont il est devenu le centre de gravité.
J’aimerai, en ma qualité d’observateur, faire quelques remarques sur les propos de l’ex président, et notamment le passage dans lequel il dit qu’il a rencontré, lors de sa visite au siège du parti « Al Wihdawi », de simples citoyens qui prétendent être d’anciens travailleurs de la société LTP qui avait en charge la collecte des ordures dans certaines moughataa de Nouakchott.
Je dirai, de prime à bord, que c’est le président Aziz lui-même qui a mis ces pauvres dans cette situation, quand il a ordonné au ministère de l’Intérieur de nouer un nouveau contrat de gré à gré avec une société détenue par le président du patronat mauritanien, le sieur Zine El Abidine Ould Cheikh Ahmed et le Groupe Ghada. Les sociétés contractantes n’ont pas été averties de cette décision, elles qui gagnaient 900 nouvelle ouguiyas pour chaque tonne collectée, alors que le nouveau contrat, que la commission technique des marchés a voulu refuser, ne voyant pas sa justification, accordait 1250 nouvelle ouguiya par tonne aux hommes d’affaires choisis par Aziz qui ont également bénéficié d’une réduction des impôts de 16% à seulement 9% ! C’est ce qui a provoqué la perte d’emploi de plusieurs de nos employés, dont, justement, ceux que l’ancien président dit avoir rencontrés.
C’est l’occasion ici de demander au président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, de réparer le tort causé par son prédécesseur à 9 sociétés de type PME qui ont investi dans l’assainissement 2 milliards d’anciennes ouguiyas en matériels et équipements qui ne sont d’aucune utilité en dehors de ce domaine, alors que la société qui a repris le marché ne dispose d’aucun outil de travail approprié, et alors qu’au terme de l’accord fallacieux qui lui a donné le contrat sur un plateau d’argent, elle devrait investir quelque 6 milliards d’anciennes ouguiyas dans du matériel sophistiqué.
Je saisi l’occasion pour vous rappeler, monsieur l’ancien président, que c’est vous qui avait mené une politique bien étudiée de destruction des grandes et moyennes entreprises, des bureaux d’études qui participaient de manière active au développement du pays, pour orienter tous les marchés vers ATTM et ENER (Etat) qui cède par la suite ces travaux à la société MTC dont vous êtes propriétaires avec le gorupe Ghada, ce qui a conduit à la mort programmée de grandes sociétés nationales qui parvenaient même à concurrencer les entreprises étrangères dans le domaine du BTP, telles que : EBTR de Lafdal Ould Bettah, TRM d’Isselmou Ould Tajidine, ERB du groupe Noueigued, EGB de Veten Ould Rgueibi, EMBCTP de Mohamed Ould Barikalla, EGBRTP de Mohyamed El Moctar Ould Zoghman, SMPERVET du groupe MAOA, ECT de Mohamed Ould Marcou et plus de 60 sociétés moyennes travaillant dans le domaine.
Vous avez aussi créé un bureau d’études et donnez les instructions fermes pour qu’il bénéficie de tous les contrats d’études et de suivi, ce qui a provoqué aussi la faillite de près de 80 institutions du genre dont les propriétaires, des ingénieurs de grande qualité, ont été poussés vers l’exil au Canada, en Allemagne, etc. Une action qui a eu de grandes répercussions sur la qualité des travaux.
Les mêmes – mauvaises – pratiques ont également été appliquées au secteur de la pêche où votre politique d’accaparement est venue à bout de la flotte nationale construite au fil des ans par des hommes d’affaires de ce pays, dérégulant ainsi l’activité, à votre profit, vous et vos partenaires, de sorte que le pauvre citoyen mauritanien qui pouvait avoir le poisson gratuitement ne parvient même plus à l’acheter !
Je ne terminerai pas sans citer les cinq banques que vous avez créés, sans capital, et qui ont fini par abattre le secteur financier et siphonner les ressources des pauvres citoyens. Ces banques qui sont redevables aujourd’hui de près de 100 milliards d’ouguiyas appartenant à des déposants, privés ou publics.
Ce sont ces pratiques mafieuses qui font qu’aujourd’hui tout le monde vous tourne le dos, monsieur l’ancien président, alors que vous avez plus que jamais besoin de soutien pour faire face à votre sort.
Je vous rappelle, enfin, la transgression de la constitution du pays, par la dissolution du sénat, dont les membres avaient refusé vos amendements, et le recours à un référendum sans fondements juridique, et la suspension, durant vos deux mandats, de la création d’une Haute Cour de Justice, dont vous dites aujourd’hui qu’elle est la seule habilitée à vous juger !
Lebatt Ould Eytah
Directeur général de Radio Kobenni