Mes chers compatriotes,
Nous avons appris dimanche 22 novembre le rappel à Allah de Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, ce Grand Soufi, qui avait ouvert en avril 2017 une brève mais radieuse page dans l’histoire de notre pays.
Je voudrais saluer la mémoire d’un grand serviteur de l’Etat mais aussi rendre hommage à l’homme de Foi, farouchement attaché aux principes de justice et d’égalité. Sa langue fut toujours la traductrice fidèle et sensible de sa passion pour notre pays.
Celui que nous avions affectueusement surnommé Sidioca était une volonté ; volonté de servir les idéaux : la justice, l’égalité, le message de solidarité entre le monde arabe et africain dont notre pays fait le trait d’union naturel.
Président Sidioca était profondément respectueux de la personne humaine : une de ses premières décisions à la tête de notre pays fut de criminaliser l’esclavage et de dicter une vigoureuse stratégie nationale de mise en œuvre des mesures destinées à débarrasser définitivement notre pays d'une pratique d’un autre âge. Il était déterminé à hisser notre pays parmi les Nations modernes et prospères.
Président Sidioca avait un respect sincère et rigoureux pour les droits de l’Homme : avec force courage, il ordonna, dès son investiture, le rapatriement de nos compatriotes sauvagement déportés au Sénégal et au Mali en 1989. Il avait entrepris la mise en place d’une « Commission Vérité, Justice et Réconciliation » pour rendre justice aux ayant droit de ceux de nos compatriotes dont les proches furent atrocement assassinés à Oualata, Inal, Jreida…
Les choix de Président Sidioca étaient clairs ; et il les a constamment défendus avec conviction au nom de l’idée qu’il se faisait de notre pays ; il avait épousé son siècle : plusieurs décennies au service de notre pays. Sa passion pour notre pays était charnelle : la nationalisation de nos mines fut un de ses accomplissements majeurs.
Président Sidioca n’est pas réductible à son parcours : les gens de sa génération louent les qualités d’un homme, qui avait de la passion de l’amitié ; la fidélité que l’on doit à ses amis était pour lui un précepte qui l’emportait sur tout autre. Cette amitié suscita en retour des fidélités profondes au travers des années d’épreuves.
Président Sidioca m'a octroyé en 2007 le privilège de servir notre pays comme le plus jeune parmi cent quatre-vingt-cinq ambassadeurs accrédités à Washington. Dans sa dernière demeure, il trouvera ici l’expression de ma gratitude, ma fidélité et mon engagement à poursuivre son œuvre avortée pour la justice, l’égalité et l’ancrage de la démocratie dans notre pays.
Ibrahima Dia, ancien Ambassadeur à Washington